dans son cou, laissent deviner qu’il n’est pas
un chef d’entreprise « classique ». Il n’en est pas moins responsable. L’expérience, le poids financier et les responsabilités du succès
ont changé son regard de fan. « Aujourd’hui,
le Hellfest pèse 14 millions de chiffres d’affaires. Notre responsabilité n’est pas
que musicale ou culturelle : elle est aussi économique. »
Casse-tête et Pollux
En bon VRP du pays de Clisson, Ben Barbaud a installé les locaux du Hellfest à Cugand,
à quelques brasses de Sèvre de Clisson.
Et pas n’importe où : dans les anciens studios de Pollux et du manège enchanté, l’émission télé des années de Serge Danot. Celui qui
« vit pour le Hellfest, toute l’année », s’est également installé avec son fils
et sa compagne, dans les étages supérieurs. Heureux de la tournure positive et du succès
du festival, il n’oublie pas les galères
et les déconvenues passées.
Ben Barbaud (Clisson)
Cœur de métal
Rarement un événement culturel, créé ex nihilo, est aussi rapidement devenu un emblème de territoire, une marque de fabrique. Angoulême a la BD, Avignon le théâtre, Montreuil le livre jeunesse et Clisson… le métal et les musiques extrêmes avec le Hellfest. Le pont entre cette musique et ce terroir, c’est lui. Ben Barbaud. L’ancien collégien de l’Immaculé conception ; l’ancien étudiant en BTS vins et spiritueux de Gorges ; le fan inconditionnel de hard rock. Il est fier d’avoir pu implanter ce festival internationalement reconnu au cœur de son territoire : « On a l’impression que tout le monde écoute du métal à Clisson, s’intéresse depuis longtemps à cette musique. Quand j’étais ado, nous étions seulement trois ou quatre fans, à nous échanger des CD, à savoir même que le hard rock existait. »
Ben Barbaud n’a que 33 ans mais a commencé à organiser des festivals de musique à 18 ans, « pour faire venir des groupes que je n’aurais jamais pu voir autrement. » Quelques tatouages apparents, sur ses mains,
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Voici le portrait de Ben Barbaud,
tel que nous l’avons écrit
en mars 2015 pour le magazine.
les frontières pour ne pas léser les fans :
« Nous allons continuer à faire venir de têtes d’affiche « grand public », des légendes
du rock et du hard rock comme ZZ Top, Kiss
ou Aerosmith. Certains groupes de rock actuels, comme Muse ne viendront pas
au Hellfest car ils peuvent se produire
dans d’autres festivals en France. Et je peux vous annoncer qu’on n’invitera pas Yannick Noah ou Stromae au Hellfest ! »
Hell et lui
Aujourd’hui, la notoriété du festival, et par voie de conséquence, la sienne lui donne
une légitimité pour négocier avec
des groupes des agents, des maisons
de disque. Auprès des fans, il conserve l’image de celui qui vient du même monde qu’eux, celui qui vibre pour un solo de guitare bien saturé, pour une bonne double grosse caisse à la batterie. Il ne sait pas s’il organisera encore des festivals de métal dans trente ans. « Peut-être que je me mettrai à la musique baroque. Mais
il faudrait que je bosse un peu, je n’y connais pas grand-chose » ironise-t-il. Alors
qu’en métal, il est plutôt blindé.
Les critiques récurrentes sur la musique
et l’univers métal. L’envers du décor et certains groupes qui se comportent comme des stars, avec des exigences parfois disproportionnées. Les mauvaises rencontres et les déconvenues financières du Furyfest, l’ancêtre du Hellfest.
L’équipe d’organisation actuelle s’est étoffée avec 12 salariés à l’année, pour préparer
ce 10e Hellfest événement. Avec un objectif :
« ne pas se faire submerger par le succès ».
En quelques jours de mise en vente, toutes
les places pour les trois jours du Hellfest
sont parties. « Quand nous avons proposé
une vente de 1000 places pour une journée, elles sont vendues en quelques secondes. »
Le Hellfest, fait par des fans pour des fans
doit rester une « grand-messe musicale »
où toutes les chapelles musicales du métal
(du hard rock à la fusion en passant
par le black métal) peuvent trouver des groupes références ou des nouveaux talents. C’est là aussi qu’intervient Ben Barbaud et son équipe de programmateurs, tous férus de musique métal : avec l’expérience et leur connaissance encyclopédique de cet univers musical
(la collection de Ben Barbaud vient de
dépasser les 10 000 CD), ils savent où sont